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Lettre CARMF Quelques vérités

Dr Maudrux Alors qu’ils respectent scrupuleusement les règles conventionnelles qui leur sont imposées, tant administratives que financières, les médecins ont été l’objet de nombreuses critiques au cours de ce semestre. Il n’est pas inutile de rappeler quelques vérités.

Revenus : non les médecins ne profitent pas de la Sécurité sociale. Si le revenu apparent peut paraître confortable, il faut ramener les choses à leur juste valeur. 76 000 € nets en moyenne, ce n’est pas pour 35 heures, car le métier, ses contraintes, la pénurie organisée, les obligent à travailler en moyenne 57 heures par semaine. Le revenu ramené à 35 heures est donc de 46 000 €, le reste ce sont des heures supplémentaires quasi obligatoires, car les médecins aimeraient bien ne travailler ni plus, ni moins que les autres fran�ais. Combien de cadres accepteraient ce salaire, pendant 30 ans au lieu de 40, sans RTT, avec 3 semaines de congés au lieu de 5, même pas un week-end sur deux, des nuits de gardes et d’astreintes, et une retraite 5 ans après les autres ? Quant à une augmentation excessive des revenus, que nenni, y compris pour les spécialistes à fort dépassement : il y a baisse (+ 0,5% pour une inflation à 1,6 %).

Qui profite le plus du système conventionnel : les médecins ? L’Etat ? La CNAMTS ? En creusant un peu plus les problèmes de l’ASV, nos découvertes sont stupéfiantes. Vous croyez que les caisses vous font des cadeaux en prenant en charge une partie de votre retraite ? Vous êtes naïfs. Vos avantages sociaux ne coûtent pas à la CNAMTS, mais rapportent ! Demandez à être affiliés à la caisse maladie dont vous dépendez naturellement (ex CANAM) et vous verrez alors la CNAMTS prête à assainir la situation de l’ASV. Quant à l’Etat, grâce à la convention, il détourne de l’argent dû aux caisses sociales, au détriment des assurés sociaux.

Catastrophe sanitaire en vue : nos projections démographiques sont plus qu’inquiétantes. Quoi qu’on fasse, même en doublant le numerus clausus, on passe en 2020 en dessous de 100 000 médecins libéraux pour 126 000 aujourd’hui. Le problème est le même chez les généralistes et les spécialistes : 25 % de moins. Dans le même temps la population va croître de 10 %, c’est plus d’un médecin sur trois qui manquera à l’appel . C’est le résultat de l’action de ceux qui nous critiquent.

57 heures aujourd’hui, combien demain ? Pour ceux qui restent, surmenés, harcelés, insultés, tout est en place pour qu’ils partent le plus rapidement possible. La France, (ou quelques élites jalouses) ne voudrait-elle plus de ses médecins ? Une vraie catastrophe sanitaire organisée. Ce ne sont pas des erreurs de prévisions, mais des fautes volontaires, lourdes, intolérables.

Autre affaire qui cherche à ternir l’ensemble de la profession : la rémunération des élus . Plus que la rémunération de certains (qui reste inférieure à celle des élus politiques, locaux ou nationaux), le scandale n’est-il pas dans la non rémunération de la grande majorité des ordinaux et de la totalité des élus sociaux, alors que d’autres confrères touchent beaucoup plus que ceux qui sont visés, grâce au système conventionnel. Pour quels services à la profession ? Certaines enquêtes devraient être étendues à d’autres organisations professionnelles avant que d’autres scandales ne nous éclaboussent tous, car ce qui est marginal à l’Ordre ne le semble pas ailleurs.

Côté CARMF et Caisses sociales soyez rassurés, c’est bien nous qui sommes à votre service et non l’inverse. Votre Président a perçu au titre de 2006 une rémunération de 3 570 € et a dépensé 0 € de frais de représentation. Tous les administrateurs et délégués sont logés à la même enseigne. Quant à la caisse maladie des professions libérales, c’est encore pire avec une indemnité de résidence de 53 € pour payer des chambres d’hôtel à 100 €, et 49,62 euros la vacation.

Docteur Gérard MAUDRUX

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