Le niveau des retraites a commencé une baisse, inéluctable et prévue de longue date, sans jamais avoir été clairement annoncée. Dans le régime Général, l’allongement de la durée de cotisation, sans toucher à l’âge de départ à la retraite, n’a pas d’autre but, et les intéressés ne s’en aper�oivent qu’au moment du départ. Allonger la durée de cotisation, sans allonger la durée de travail (on se garde bien de remettre l’âge de départ à 62 ou 65 ans), est une subtilité peu expliquée.
En effet, en démarrant une activité professionnelle à 25 ans et en partant à 60 ans, cela fait 35 ans de cotisations (s’il n’y a pas d’interruption dans la carrière…). S’il faut 41 ans pour avoir le taux plein (50 %), la retraite n’est que de 35/41 et une décote supplémentaire de 25 % s’applique puisque la durée d’assurance requise n’est pas atteinte. Au total la retraite ne sera donc que de 64 % du montant escompté.
Ajoutons des revalorisations inférieures à l’inflation, et la baisse commence à être significative.
Elle ne fait pourtant que commencer. En effet les �baby-boomer� de l’après-guerre et des 30 glorieuses vont devenir allocataires dans les 5 à 10 ans qui viennent, sans que l’emploi des actifs n’augmente dans les mêmes proportions, mondialisation oblige.
Quant à l’augmentation des cotisations pour compenser le déficit, elle ne ferait que diminuer le nombre d’emplois. Enfin faire travailler les seniors alors que l’on n’a pas assez de travail pour les actifs crée autant de problèmes qu’il n’en règle.
Les médecins, bien que l’âge de départ à la retraite soit déjà pour eux à 65 ans (sans obligation), n’y échappent pas. Depuis dix ans baisse modérée dans le régime Complémentaire, baisse deux à trois fois plus importante dans l’ASV (sans compter ce qui est prévu).
Seul le régime de Base semble épargné pour le moment, la démographie décroissante des médecins étant actuellement compensée par la démographie croissante des autres professions libérales. Ce régime est toutefois fortement taxé (35 %) pour alimenter les régimes déjà déficitaires.
Que faire pour compenser cette baisse ? En répartition, point de salut, sinon cela se saurait. Travailler plus longtemps ? On en parle de plus en plus, mais là encore il manque les vrais chiffres. Pour compenser une baisse de 25 %, il faut travailler 5 ans de plus, tant chez les médecins que dans le régime Général ! Il ne reste qu’une solution : compter sur soi-même et épargner. Pour le faire, il faut d’abord prendre conscience de cette nécessité, ce qui n’est pas dans l’air du temps dans notre pays. En parler reste encore un sujet tabou, et les institutionnels qui le font sont encore considérés comme des nuisibles. Quand une Caisse veut préserver l’avenir, paradoxalement tout est fait pour l’en empêcher.
Capitalisation refusée, achat de points supplémentaires ignorés, régime Madelin à l’existence souvent remise en cause… Seul notre régime Complémentaire arrive à faire des réserves pour contenir (un peu) les bosses démographiques, mais cela n’attirera-t-il pas les convoitises ?
Vous trouverez plus loin quelques éléments pour vous organiser et compenser les baisses à venir, notamment celle de l’ASV.
Docteur Gérard MAUDRUX
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