Cette année nous avons droit au grand " débat " sur les retraites, qui pour le moment ressemble plus à un dialogue de sourds.
Avec un gouvernement qui annonce qu’il ne baissera pas les pensions et que l’on ne peut guère augmenter les cotisations, et les partis politiques, syndicats et français qui ne veulent pas que l’on touche à l’âge de départ à la retraite ou à la durée de cotisation, si on commence par geler tous les paramètres d’équilibre, c’est plutôt mal parti !
Il aurait fallu commencer à expliquer les vrais problèmes aux français, avec les conséquences sur chaque retraite, au lieu de donner des chiffres de déficits en centaines de milliards, qui ne leur disent strictement rien. Le déficit d’information est gigantesque et scandaleux, permettant la démagogie comme la promesse de la retraite à 60 ans pour les élections présidentielles de 2012 ! Chipoter sur 1 ou 2 ans d’âge de départ ou de durée de cotisation devient ridicule face à l’ampleur du problème. Pour équilibrer les comptes, ce n’est pas à 61 ou 62 ans qu’il faut partir, mais à 69 ans, chiffres publiés par le COR il y a bientôt 10 ans. Passer à 62 ans et 45 ans de cotisations ne règlerait que 30 % des problèmes.
La vraie question n’a jamais été posée : avec un cotisant pour un retraité, la répartition peut-elle assurer une retraite suffisante ? La réponse est simple : si la cotisation est de 20 ou 25 % du revenu, la retraite sera alors de 20 ou 25 % du revenu (moins les frais et le financement des cadeaux à ceux qui n’ont pas cotisé). Si on veut que la retraite soit de 60 ou 75 % du revenu, la cotisation ne peut être inférieure à ces chiffres. C’est incontournable, il faut le dire au lieu de le cacher.
Dans ces conditions, ce système est-il viable, et doit-on le garder ? Trouver d’autres moyens de financement, ce n’est plus de la répartition, et pour garder les mêmes pensions, les prélèvements pour les payer, seront in fine les mêmes que si ce sont des cotisations retraite ! Ce n’est pas en changeant de nom que l’on diminue le montant nécessaire ! S’il faut payer 50 % du revenu pour payer ces retraites, et que les cotisations retraite sont de 25 %, les 25 % restants, sont aussi des cotisations retraite. Appelons un chat un chat, et par simplicité et honnêteté restons ainsi et augmentons directement la cotisation au lieu de tricher.
N’oublions pas également les 3,5 millions de retraités des régimes spéciaux et de la fonction publique, qui vont coûter autant que les 15 millions de retraités salariés, ce qui veut dire autant d’impôts que de cotisations retraite à venir. Il semble que l’on veuille également esquiver ce problème, sans même l’expliquer.
Au lieu de poursuivre dans cette voie, ne faut-il pas envisager autre chose ? Si on veut poursuivre, le système CARMF amélioré devrait être un exemple de ce qu’il faut faire : un système par points transparent et lisible, au lieu d’annuités, permet de mieux gérer sa propre retraite. Partir à 60 ans avec décote, après 65 ans avec surcote, mettrait tout le monde d’accord sur l’âge de départ à la retraite et la durée de cotisation. Chacun fait ce qu’il veut, sans gêner les autres. Si on veut plus, on travaille plus, si on veut partir avant, on touche moins. Au lieu de la surcote, on nous a imposé le cumul total, coûteux pour ceux qui ne le pratiquent pas.
S’il faut cotiser plus pour toucher plus, cela devrait être facultatif et possible au cours de la vie d’actif, ce que la tutelle nous refuse !
Cela n’est toutefois pas suffisant pour maintenir les retraites au niveau d’aujourd’hui, et il faut le dire, afin que celui qui veut plus ait conscience qu’il faut qu’il épargne. Au lieu de cela on ne dit rien, mais surtout on continue la fuite en avant, avec prélèvements obligatoires à la clé, empêchant demain toute possibilité d’épargne, imposant une charge insupportable pour les emplois et les bas revenus.
À un cotisant pour un retraité, la répartition n’est plus un progrès social, mais un destructeur de société et d’emplois, sans pitié pour les bas revenus et les plus faibles, qui demain seront la grande majorité.
Pire elle achève les malades et détruit les valeurs de base de notre société. Bismarck avait fixé l’âge de la retraite à 70 ans, nous l’avons fixé en 1945 à 65 ans, époque où l’espérance de vie était de… 65 ans ! En pratique cela veut dire que la moitié des gens mourait avant la retraite, l’autre moitié pouvant en bénéficier. Reculer l’âge de départ, indispensable pour l’équilibre, c’est supprimer la retraite de tous les malades, ceux qui ont une espérance de vie moindre, et leur appliquer une double peine : cotiser toute leur vie pour une retraite qu’ils n’auront pas, et uniquement pour ceux qui auront été mieux gâtés par la nature. Dans ces conditions, la répartition n’a rien d’un " progrès social ".
La Fontaine doit également se retourner dans sa tombe, en voyant ce qui se passe, car voilà que pour financer la fuite en avant, on propose de taxer l’épargne, pourtant déjà lourdement taxée par ailleurs. On va punir la fourmi et donner raison à la cigale. Si cela ne modifierait pas le comportement génétique de la fourmi, chez l’homme cela devrait logiquement supprimer les esprits fourmis. Et quand il n’y aura plus de fourmis, on fera quoi ?
Soyez sans crainte, l’étape suivante est prévue : pour sauver les retraites, il suffit de nouveaux prélèvements sur les retraites et les caisses de retraites. Cela a déjà commencé au 1 er janvier avec un prélèvement sur les revenus d’actions. Dans ce pays on y arrivera, tout comme on a réglé les problèmes de surendettements avec de nouveaux emprunts.
En 2010, le déficit de la " Sécu " sera de 30 milliards d’euros soit 2 000 € par foyer, financement remis à demain, se cumulant avec les déficits plus importants à venir. En acceptant nos largesses sociales, en refusant de les financer, quelle société allons-nous laisser à nos enfants ?
Docteur Gérard MAUDRUX
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