Mi-mai, une lettre syndicale destinée aux généralistes m’attaquait violemment, se posant la question de mon départ. Motif ? Suite à l’affaire de notre confrère ex-ministre et de sa situation vis-à-vis de l’ASV, j’aurais eu le tort dans une interview de dénoncer un système d’avantages sociaux mal ficelé, permettant ce genre de situation, et surtout de dire qu’il était loin d’être isolé, et que nombre de confrères pouvaient en profiter.
Vous pouvez exercer en libéral quelques jours, puis passer à autre chose : activité non médicale comme l’esthétique, mais aussi le salariat, voire rien du tout. Restez inscrit en secteur 1, ou passez-y si vous êtes en secteur 2 ou 3, et vous aurez droit à tous les avantages sociaux maladie URSSAF et ASV payé par les caisses, et ce pendant des dizaines d’années. Mais chut, ne dites rien, sinon gare à vous !
Pourquoi ne rien dire ? Pourquoi cacher les problèmes au lieu de les traiter ? Pour que seuls les initiés en profitent ?
Qui est le plus responsable : celui qui dénonce une situation anormale, ou celui qui l’a permise ? Pratiquer l’omerta, c’est pour cacher ses propres responsabilités, et quand on n’est pas responsable, c’est être complice.
Déjà deux mois plus tôt, lors d’une réunion conventionnelle pour l’avenant n° 8, deux Présidents de syndicats étaient en grande discussion avec le Président de l’UNCAM, avec à la main ma dernière lettre sur le massacre des innocents, se posant la question d’un décret pour me faire taire. La solution est pourtant simple et je la leur donne : traiter les problèmes au lieu de les cacher ou d’essayer de faire taire ceux qui les dénoncent.
J’ai eu aussi lors de l’interview un deuxième tort, celui de dire que plus on augmentait les charges (sociales et impôts), plus on décourageait le travail. Certains feraient mieux de s’interroger sur une des causes de la désaffection de la médecine libérale, au lieu de faire croire aux autres que le Président de la CARMF est contre l’impôt et les cotisations sociales.
Quand on veut se débarrasser de son chien, on l’accuse d’avoir la rage. Là encore la solution est de traiter les problèmes au lieu de les cacher, et pour ma part, depuis 15 ans vous avez tous pu constater que je n’étais pas contre les impôts ou les cotisations sociales, mais contre les excès, pour une redistribution juste et efficace, et contre les inégalités et l’injustice.
Quinze ans de pouvoir ne m’ont pas fait oublier ni ces valeurs, ni mes confrères. Je continuerai à les défendre et désolé, vérité et langue de bois ne font pas bon ménage, et je ne sais pas mentir. Lorsqu’en décembre 2011 j’ai reçu du Ministère un courrier me rappelant à l’ordre à propos de mes écrits avec des menaces voilées, j’avais répondu que vous dire la vérité était non seulement un droit, mais un devoir, que vous m’aviez élu pour cela, que vous seuls pouviez me démettre, et ce tous les 3 ans.
Enfin la CARMF est accusée d’être un organisme non démocratique, car son Président est coopté. Je rappellerai que le Conseil d’administration comporte 28 membres, et que les décisions ne sont pas prises par un homme mais par ce Conseil. C’est le Conseil des élus, auquel je ne participais pas qui a décidé de me demander de revenir et qui pour cela a voté démocratiquement à bulletin secret. C’est ensuite le Conseil qui m’a élu Président, avec seulement deux voix contre et deux abstentions. Quand on fait partie de cette très petite minorité, c’est insulter le Conseil d’administration et la démocratie que d’écrire dans une lettre syndicale que cette décision est antidémocratique. Sachez que les mêmes ont, trois ans plus tôt, voté pour ma cooptation et la présidence, après avoir revendiqué mon soutien pour se faire élire par vous ! À chacun son éthique et son respect des électeurs.
Je vais toutefois faire un cadeau à tous ceux qui veulent me voir partir. Il suffit pour cela de faire deux choses : donner la retraite à mes confrères au même âge que (presque) tous les Français (voir plus loin), et que l’on arrête de massacrer des innocents en permettant aux bas revenus de bénéficier d’abattements s’ils le demandent, pour les cotisations forfaitaires trop lourdes. Ces deux mesures ne coûtent rien à la société, et je prends ici même l’engagement de présenter ma démission dès la parution des textes nécessaires.
Docteur Gérard MAUDRUX
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