Il n’est pas de bonne gestion des retraites sans regarder plus loin que son propre mandat. C’est valable autant pour les politiques, les syndicats ou les élus sociaux. Nous venons de voir que la démographie, l’actuariat pouvaient être très précis sur le long terme.
Le problème de la démographie de la profession médicale est double : aux problèmes classiques d’allongement de la vie qui touche toutes les professions et toutes les sociétés, s’ajoute le problème du numerus clausus, géré de manière brutale et chaotique (voir graphique 1). Une génération à 8 000 étudiants par an a pu facilement financer la retraite de la génération précédente à 4 000 étudiants par an, mais la génération suivante aura du mal avec 3 000 étudiants par an pour financer la retraite des 8 000 étudiants par an.
Graphique 1
À la CARMF nous pouvons voir la différence entre un régime géré sur le long terme comme le régime complémentaire qui a intégré ces variations, et un régime géré au jour le jour , comme l’ASV, qui n’en n’a pas tenu compte (voir graphique 2).
Dans le régime complémentaire nous pouvons aborder sans heurts l’arrivée à la retraite des 8 000 par an et le déficit technique qui en découle (sorties devenant supérieures aux recettes). Pour cela nous avons fait les fourmis, engrangeant des réserves quand il y avait davantage de cotisants, réserves qui serviront à compléter les retraites jusqu’à la remontée du rapport démographique après 2035, quand la nouvelle génération à 7 000 par an sera entièrement en activité et que la génération 8 000 à la retraite commencera à décliner (voir graphique 4).
Graphique 4
À l’inverse l’ASV n’a rien prévu , et une fois le déficit technique apparu, il a fallu prendre des mesures toutes aussi brutales qu’importantes. Quand on fait des ajustements de 0,1 à 1 % dans le régime complémentaire, on ajuste de 10 % à 60 % dans l’ASV.
À l’examen des projections démographiques établies pour la réforme de l’ASV, nous avions convoqué les syndicats à la CARMF le 27 octobre 2011 pour leur expliquer une
manipulation démographique
et les mettre en garde.
Si on peut avoir des petits désaccords sur les projections des actifs, c’est impossible en ce qui concerne les futurs retraités. Tous nos futurs retraités sont identifiés, ce sont les actifs d’aujourd’hui, leur nombre et leur date de naissance sont connus. Celui qui a 35 ans aujourd’hui aura 65 ans dans 30 ans, et celui qui a 40 ans en aura 70, c’est incontournable !
Or en quelques mois, 10 % de nos futurs retraités avaient disparu, ce qui bien entendu diminue d’autant les futures dépenses... Deux ans après, nous avons compté nos retraités au 1er juillet 2013 et vérifié les chiffres donnés et par la CARMF et par la DSS. La dérive est déjà de 7,1 %. C’est en toute connaissance de cause que certains se laissent, vous laissent manipuler . Rendez-vous en 2015 et après pour les comptes.
Graphique 2
Pour eux, ce ne sera pas un problème, car il suffit, nous l’avons vu, d’augmenter la cotisation. Ils ont défendu «l’ASV, 40 % de votre retraite » en le menant à 32 % , Qu’ils ne touchent pas au régime qui représentera demain 50 % de votre retraite . (voir graphique 3)
Graphique 3
Rappelons également ce que certains cachent : ils prônent les 65 ans dans le régime complémentaire, ils ont accepté les 67 ans dans le régime de base, mais aussi dans l’ASV , car les projections de la réforme sont faites avec un départ à 67 ans, sinon il faut rajouter encore au moins 6 % de recettes, ou geler le point cinq à six ans de plus pour conserver l’équilibre.
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