Paris, janvier 2013
Chère Consœur, Cher Confrère,
La cotisation CARMF pour un revenu de 12 000 € nets (20 à 30 000 € bruts)
atteint les 7 400 €, et
dépassera les 8 000 € dans 4 ans avec les augmentations prévues du régime de
base et de l’ASV. Avec des
revenus supérieurs, c’est encore insupportable pour un bon quart de la
profession. A cela ajoutez les autres
cotisations sociales, maladie, URSSAF et CSG-CRDS. Que leur reste-t-il pour
vivre ? Une honte pour un
système dit social, censé protéger les plus faibles.
Il n’y a pas que les riches qui sont taxés à 75 % dans notre pays. Si la taxation de ces derniers se fait dans la douleur, celle des premiers se fait dans une indifférence et un cynisme insupportables. Pour Bernard Shaw, “le pire pêché envers nos semblables, ce n'est pas de les haïr, mais de les traiter avec indifférence, c'est à l'essence de l'inhumanité”.
Qui sont donc ces confrères qui sont traités avec autant d’inhumanité ?
Beaucoup d’innocents qui ne demandent rien à personne et d’autres qui
souhaitent rendre service
mais n’en sont pas remerciés. Il y a des confrères qui sont malades avec une
activité réduite sur l’année. Il y a
des femmes qui veulent travailler moins pour élever leurs enfants. Il y a
des rempla�ants dont on manque tant.
Il y a l’ancien médecin de campagne qui soulagerait bien son successeur
quelques semaines et reverrait avec
plaisir ses anciens patients, mais qui ne le fera pas avec des charges
supérieures aux revenus. Il y a des
jeunes qui font une excursion en médecine libérale et se tournent vers le
salariat après avoir vu. Il y a ceux qui
soulageraient bien les autres en assumant quelques permanences, etc.
Pourquoi autant de charges pour les plus bas revenus ?
Essentiellement à cause de la part forfaitaire de l’ASV, les autres
cotisations étant proportionnelles
aux recettes. Si c’est atténué (mais non absent) pour le secteur 1, ce n’est
pas une raison pour ignorer les
autres.
Depuis des années et des années, la CARMF revient sans cesse à la charge
auprès de la Direction
de la Sécurité sociale (DSS) et du ministère des Affaires sociales. Que
proposons-nous ? Des abattements, facultatifs, 25, 50, 75, 100 % entre 0 et 1 plafond de la Sécurité sociale
(37 032 €). Des dispositions qui ont
toujours existé par nécessité (et existent encore) dans les régimes de base
et complémentaire quand il y avait
une part forfaitaire, mais pas dans l’ASV.
Chaque année, depuis près de 15 ans, on nous dit “oui il y a un problème, oui vous avez raison, vous l’aurez avec la réforme de l’ASV l’année prochaine”. Et puis après des années, enfin la réforme, mais rien sur le sujet. Nous sommes donc remontés à la charge. Réponse : “oui vous avez raison, ce sera pour 2015 ”. En janvier 2011, au ministère on nous a même dit “oui ce n’est pas normal, il faut absolument régler ce problème, mais pourquoi nous en parler seulement maintenant, après la réforme ? ” ! Nous nous sommes alors tournés vers le premier coupable, présent à la réunion, le monsieur non de la DSS (non à tout ce que nous décidons depuis des années), nous avons parlé de nos démarches depuis des années, de la dernière demande dans la lettre commune syndicats-CARMF du 5 juillet... Nous sommes repartis avec la promesse de ce problème réglé dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) de l’année. Quant aux syndicats signataires de cette lettre, qui ont ensuite négocié seuls cette réforme, ils se sont empressés d’oublier ce point confraternel et humanitaire et leur signature.
Quelques mois plus tard, suite aux changements politiques, nous avons
souhaité voir la Ministre ou
son directeur de cabinet pour évoquer ce seul sujet. Sans réponse nous avons
relancé, pour finalement
recevoir une fin de non recevoir : pas nécessaire, à revoir pour 2015 !
Nous avons donc essayé auprès des élus, très bien re�us par certains, qui
sont intervenus auprès de
leurs collègues, mais nous avons été torpillés dans le dos par des médecins,
qui se prétendent défenseurs de
la profession, qui prétendent se soucier des problèmes de nos consœurs, des
retraités, des rempla�ants, de la
démographie, mais qui font le contraire. Quand un élu comprend le problème,
veut vous aider, vous demande
ce qu’en pensent les syndicats, puis rappelle en disant qu’il a interrogé un
syndicat ayant répondu que ce n’était
pas souhaité et donc qu’il ne donnait pas suite, on ne comprend plus. Que
des politiques ne comprennent pas
ou ne veuillent pas défendre les médecins, on peut encore le concevoir, mais
des médecins, soi-disant
représentatifs et responsables, sabotant notre travail en coulisses, nous
sommes révoltés.
Les arguments ? “Cela coûte au régime”. Massacrer des innocents pour faire
croire que c’est
nécessaire à un équilibre dont on sait très bien qu’il n’existe pas est
révoltant, mais c’est en plus totalement
faux. Si un manque de cotisations est une perte à très court terme, c’est un
gain pour le régime à moyen et long
terme, car il n’y a pas d’émission de droits, droits dont on sait très bien
qu’on aura rapidement des difficultés à
les honorer.
Que nous propose-t-on “en attendant 2015” ? De faire prendre en charge la cotisation par le fonds d’action sociale (FAS), ce que nous faisons déjà partiellement (jusqu’à hauteur de 50 %). C’est d’une part une demande individuelle dégradante que beaucoup n’osent pas faire en raison d’un sentiment de honte ou de gêne, mais également une stupidité économique en contradiction avec les arguments précédents pour équilibrer le régime. La prise en charge de ces cotisations est financée par le régime et a donc un coût, et cela émet des droits contrairement à une dispense, ce qui engendre un deuxième coût plus important. Nous sommes dirigés par des gens qui ne savent pas calculer et après on s’étonne que cela ne marche pas. C’est enfin profondément injuste : à 11 000 € vous ne payez rien et n’avez pas de droits (pas de cotisation), à 12 000 € vous ne payez rien et avez 100 % des droits (cotisation payée par le FAS)! Merci pour l’équité et la justice sociale proposées par la DSS et le ministère des Affaires antisociales ! Merci pour la confraternité de ceux qui les approuvent et les soutiennent.
Enfin comment peut-on dire que l’on s’occupe du problème des faibles, du
problème de la
féminisation, du problème des remplacements, du problème de la
désertification, des problèmes du cumul
emploi-retraite, du problème de la désaffection des vocations, et en même
temps faire tout ce qu’il faut pour
faire fuir ceux qui ne demandent qu’à soulager et rendre service ?
Depuis des années je me demande pourquoi un tel mépris, une telle indifférence cynique à l’égard des plus faibles, et pour certains un tel manque de confraternité sans avoir de réponse. Je viens peut-être d’avoir cette réponse de Fran�oise Giroud (Journal d’une parisienne) en faisant quelques lectures sur l’indifférence pour faire ce billet d’humeur : “l’indifférence est une infirmité de l’esprit et du cœur”.
Veuillez agréer, Chère Consœur, Cher Confrère, l’expression de mes
salutations confraternelles.
Docteur Gérard MAUDRUX
Téléchargez la lettre du Président au format PDF
COTISATIONS 2013 | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
Régimes | 2012 | 2013 | ||||
Base
Tranche 1 |
8,63 % |
9,5 % 1,81 % |
||||
Complémentaire | 9,2 % | 9,3 % | ||||
Invalidité-décès |
Classe A 604 € |
Classe B 720 € |
Classe C 836 € |
Classe A 604 € |
Classe B 720 € |
Classe C 836 € |
ADR | 0,035 % | - | ||||
ASV
Part forfaitaire |
Secteur 1 1 433 € 0,0833 % |
Secteur 2 4 300 € 0,25 % |
Secteur 1 1 467 € 0,30 % |
Secteur 2 4 400 € 0,90 % |
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